L'exécution: introdution
Le commandement militaire allemand est amené à réquisitionner, dans chaque département, des lieux pour procéder aux fusillades des condamnés à mort. Ils choisissent d’anciens sites de l’armée française : stands de tirs, forts ou casernes qui permettent un déroulement sécurisé et sans trouble des exécutions. À Paris, la première fusillade, celle de Jacques Bonsergent, a lieu dans l’enceinte du fort de Vincennes au mois de décembre 1940. A la libération de Paris, en août 1944, 26 résistants capturés par les Allemands sont également fusillés. D’autres sites sont utilisés ponctuellement, tels que la Vallée aux Loups, à Châtenay-Malabry, le chemin dit de «l'orme mort». Le polygone de tir de la base aérienne 117 de Balard, dans le 15e arrondissement de Paris, a servi de lieu d’exécution aux Allemands à partir de juillet 1942. Plus de 160 résistants et otages y ont été fusillés jusqu’en août 1944. A la cascade du bois de Boulogne, derrière l’étang du Réservoir, le 16 août 1944, 35 jeunes résistants, mobilisés pour prendre part à la libération de Paris, sont fusillés par les Allemands après être tombés dans un traquenard. La chapelle des fusillés sur le Mont Valérien remonte à 1828. Construite par la famille de Forbin-Janson pour y transférer les cendres de leurs ancêtres, elle sert comme magasin
d’artillerie et ensuite les troupes allemandes utilisent ce bâtiment pour y enfermer certains condamnés qui vont alors gravir des messages dans la pierre. Les graffiti sont tous écrits sur les murs du fond de la chapelle, au-delà de la marche où devait se dresser autrefois l’autel. Peut-être que, pour éviter toute tentative d’évasion, des sentinelles allemandes se
tenaient près de la porte de la chapelle et obligeaient leurs prisonniers à se regrouper au fond.
Ces messages sobres ou éloquents sont formés généralement d’un prénom et d’un nom, d’une date, parfois d’une pensée pour des proches : « J’embrasse tous : ma René chérie, mes enfants.. »
Souvent le message est plus politique : patriotique avec « Vive la France » ou « mort pour la France », partisan avec « Vive le parti communiste »,
Le froid et l’humidité, qui ont régné dans l’espace clos de la chapelle jusqu’en 2004, ont causé des dommages sur les messages laissés par les condamnés mais des travaux de restauration, commandés par la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du
ministère de la défense et des anciens combattants, ont été réalisés.
SES PHASES
L’arrestation
La très grande majorité des condamnés à mort et des otages est arrêtée à l’issue d’enquêtes menées par les polices françaises et allemandes.
Face aux policiers, les résistants tentent de ne pas répondre, de nier l’évidence. Confrontés aux duretés psychologiques et physiques des interrogatoires, ils sont souvent torturés.
Les conditions de détentions
Ils sont transférés dans des prisons allemandes (comme le Cherche-Midi, une prison militaire parisienne, aujourd’hui disparue et alors utilisée par les Allemands, pour y interner des opposants politiques et les juifs) ou, selon les époques, dans des quartiers de prisons françaises réquisitionnés par les autorités d’occupation (comme Fresnes la Santé).
Les prévenus justiciables de la peine de mort sont maintenus dans un isolement quasi-total pendant des semaines, parfois des mois. Leurs conditions de vie sont difficiles : nourriture insuffisante, hygiène sommaire, courtes et rares promenades, colis et correspondances sévèrement réglementées, aucun contact avec les co-détenus à l’exception des interrogatoires ou de transferts.
Les fusillés symbolisent l'union de la France dans le combat contre l'armée d'occupation au cours de la Seconde Guerre mondiale. La plupart de ces martyrs, membres des réseaux ou mouvements de la Résistance, principalement des Juifs et des communistes ont été condamnés à mort par les tribunaux
militaires allemands. Les fusillades suivent un schéma pré-établi. Les condamnés ne sont avertis qu’au dernier moment. Quelques heures ou quelques minutes avant l’exécution, ils ont généralement l’autorisation d’écrire une dernière lettre. La visite de l’aumônier allemand leur offre une ultime possibilité
de se confier et, pour ceux qui le souhaitent, de communier. Par petits groupes de 3 ou de 5, ils sont attachés mains derrière le dos, les yeux bandés s’ils le désirent. Le peloton procède à la mise à mort, parfois devant les camarades qui vont leur succéder. L’officier allemand donne le coup de grâce, puis un médecin militaire constate le décès.
Le principal site d’exécution de la région parisienne et de toute la zone occupée est le Mont-Valérien, avec plus de 1000 fusillés.
Mis en bière, les corps sont transportés vers différents cimetières de la région parisienne: Suresnes,
Puteaux, Bois-Colombes, Ivry-sur-Seine, Thiais où ils sont inhumés dans des fosses communes. La dispersion
et l’anonymat des corps imposés par les forces d’occupation a pour but d’éviter que ces sépultures ne
deviennent des lieux de rassemblement et des symboles des martyrs de la Résistance.